Née de la lutte

née de la lutte

Contrairement à la critique d’autres formes de pouvoir comme le capitalisme ou le patriarcat, la critique du racisme est souvent dépourvue d’une description claire et univoque de l’opération qui définit le racisme en propre. S’opposant à une telle indétermination conceptuelle, cet article s’inspire des philosophes africains-américains contemporains Leonard Harris et Tommy Curry qui définissent le racisme comme fondé sur des opérations d’abrègement de la vie ciblant des populations perçues comme abjectes ou indignes. Le racisme n’est alors plus simplement la catégorisation inégale ou la discrimination d’un groupe social autour d’enjeux de culture ou d’identité, mais il implique une opération de pouvoir qui vise à tirer un profit vital de la destruction ou de l’abrègement de la vie des populations marginalisées : une question de vie ou de mort.

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Le 7 mai 2018, Lamine Bangoura, un jeune homme d’origine guinéenne âgé de 27 ans perdait la vie à son domicile de Roulers, en Flandre, entouré par un groupe de huit officiers de police. Chargés d’expulser le jeune homme pour des arriérés de loyer d’un montant dérisoire de 1500 euros, les policiers recoururent à une clef d’étranglement afin de l’immobiliser en le plaquant au sol. Ils procédèrent à un plaquage ventral accompagné d’une pression du genou sur la nuque de M. Bangoura, alors qu’il était menotté. C’est cette même technique qui, à Minneapolis, coûtera la vie à George Floyd en 2020. Lamine Bangoura ne parvient pas à respirer, le souffle lui manque, mais ses plaintes sont ignorées. Lorsque les agents finissent par douter et appellent les secours, il est trop tard. Mais la tragédie de Lamine Bangoura ne s’achève pas avec sa mort. Si les corps des hommes noirs sont exposés à la violence, leurs cadavres sont simultanément envoyés à la morgue et traités avec morgue. Ainsi, la police belge a d’emblée décidé de considérer le corps de M. Bangoura comme sa propriété, interdisant le rapatriement en Afrique demandé par les parents. À la demande des autorités, le corps est demeuré entreposé dans une chambre mortuaire trois années durant ; chaque jour qu’il y passait ajoutait quelques dizaines d’euros à une facture astronomique dont la famille était sommée de s’acquitter pour avoir le droit d’enterrer le jeune homme. Au début de l’année 2021, son montant s’élevait à plus de 30.000 euros. L’État belge a traité M. Bangoura comme un véhicule enlevé accumulant des frais de fourrière, et l’a utilisé pour faire chanter ses proches. Grâce aux efforts d’un comité de soutien bien structuré, la famille a finalement obtenu que la dépouille lui soit restituée à titre gracieux. S’étant emparée tardivement de l’affaire, la presse belge n’a pas manqué de saluer ce moment comme un triomphe de la justice et de l’État de droit. L’un des aspects les plus douloureux de cette histoire tient au constat que nous vivons dans un monde où les Noirs sont déshumanisés au point que la restitution du cadavre d’un homme arbitrairement tué par les agents de l’État puisse être célébrée comme une fin heureuse.

Déjouer la ruse de l’analogie

Qu’ils soient le point de départ d’un soulèvement global comme le meurtre de George Floyd, ou qu’ils demeurent longtemps ignorés comme celui de Lamine Bangoura, les crimes policiers et leur traitement doivent être pris en compte dans notre façon de penser le racisme en général[1]. L’objectif de ce texte sera de tirer les enseignements de débats récents outre-Atlantique dans les domaines de la philosophie sociale africana (c’est-à-dire la philosophie de la diaspora africaine) pour une définition du racisme dans un contexte, celui de l’occident francophone, où les conversations académiques au sujet de la question raciale usent souvent d’euphémismes ou de notions floues. La légitimation de la race comme objet d’étude universitaire passe souvent par l’insistance sur sa similitude avec d’autres catégories. Ainsi, pour la sociologue Sarah Mazouz : « Lorsqu’en sciences sociales on utilise la notion de race, on désigne ainsi un rapport hiérarchique au même titre que la classe ou le genre. Parler de race signifie qu’on pointe la façon dont les membres de certains groupes sont infériorisé.es »[2]. Le présupposé d’une proximité conceptuelle entre race, genre et classe participe de ce que le théoricien Frank Wilderson a nommé la « ruse de l’analogie »[3] : comme s’il existait des « relations de pouvoir » abstraites susceptibles de prendre indifféremment l’une de ces catégories pour prétexte. Cette analogie ne résiste pas à un examen, sinon minutieux, du moins un peu plus attentif de ces concepts et de leur histoire.

Depuis Marx, l’opération par laquelle opère la hiérarchisation des classes est claire : elle a pour nom l’exploitation et désigne l’appropriation de la plus-value du travail par les propriétaires des moyens de production, c’est-à-dire les capitalistes. Dans la théorie féministe, la hiérarchie entre les genres a pour cause le patriarcat qui désigne peu ou prou l’organisation de la famille sous la domination du père, en vue de la reproduction aux dépens, notamment, des femmes et des filles. Les réflexions sur l’exploitation comme origine de la lutte de classes ou la mécanique patriarcale aux sources de la hiérarchisation des genres possèdent une base conceptuelle claire qui définit le périmètre des controverses théoriques. En revanche, les termes du débat sur la question raciale manquent de clarté. Si les analogies avec la classe et le genre sont constamment invoquées pour expliquer le concept de race, la réciproque n’est pas vraie.

Le scepticisme de chercheurs français plus conservateurs à l’égard de l’emploi de la notion de race n’est pas seulement dû à leurs orientations politico-épistémologiques, mais également à la faiblesse conceptuelle de la notion de race dans le contexte académique francophone où elle demeure prisonnière d’analogies qui rendent malaisé son usage rigoureux. La race demeure le parent pauvre de la triade race-genre-classe. En 2007, la géographe africaine-américaine Ruth Wilson Gilmore a offert une définition influente du racisme comme « la production et l’exploitation, sanctionnée par l’État ou extralégale, de la vulnérabilité à la mort prématurée d’un groupe spécifique »[4]. Une telle approche fait naturellement signe vers les affaires Floyd et Bangoura qui viennent d’être évoquée, mais elle s’inscrit dans l’horizon de réflexions qui se déploient depuis un quart de siècle dans la philosophie sociale africaine-américaine. Ce texte vise à en présenter certaines conclusions à travers les travaux de deux auteurs bien vivants, mais issus de générations différentes : Leonard Harris, né en 1948 et Tommy J. Curry, né en 1979. Tous deux ont contribué à l’élaboration d’une approche où les questions de vie ou de mort sont centrales pour définir le racisme en général et la négrophobie en particulier.

De la philosophie sociale à la philosophie née de la lutte

Dans son Manifeste pour une philosophie sociale, Franck Fischbach émet cinq critères qu’il estime lui être caractéristiques[5]. Premièrement, la philosophie sociale suppose la prémisse d’une distinction, initiée par Rousseau et Hegel, entre État et société civile et donc entre les sujets sociaux et les institutions qui exercent sur eux un pouvoir. Deuxièmement, il s’agit d’une pratique théorique qui se situe par rapport à son propre contexte et à d’autres pratiques. Troisièmement, c’est le diagnostic d’une époque, voué à en dégager la singularité et les pathologies. Quatrièmement, il s’agit d’une évaluation critique de cette situation, mais également une « réflexion sur les normes et les critères au nom desquels cette évaluation critique peut avoir lieu »[6]. Enfin, cinquièmement, c’est un discours qui s’adresse directement aux acteurs sociaux susceptibles d’en adopter le point de vue et de connaître, en conséquence, une réorientation de certaines de leurs pratiques. Dans sa préface aux Manuscrits du jeune Marx, Fischbach ajoutait un sixième critère, à savoir une « appropriation critique des résultats et de la démarche d’une science du social »[7]. Fischbach modèle cette définition à partir de travaux issus de la philosophie continentale ­– c’est-à-dire essentiellement allemande et française. Cependant, certains représentants significatifs de la philosophie nord-américaine de ces dernières décennies s’illustrent par leurs contributions originales à la philosophie sociale, qu’ils entreprennent de réorienter à partir des spécificités de l’expérience noire. Comme l’écrivent Curry et Harris : « Le philosophe noir voit ce monde depuis un horizon situé entre la modernité et une sauvagerie imposée. C’est le lieu de sa réflexion historique »[8]. Depuis ce lieu liminal, il lutte contre les effets de cette imposition de la barbarie. Cette approche particulière de la pensée a été baptisée par Harris « philosophy born of struggle », philosophie née de la lutte :

La philosophie définie comme la recherche de la sagesse et la sagesse définie comme la connaissance de grandes abstractions est erronée. […] La santé est la précondition pour la possibilité de la connaissance, et une nécessité pour le bien-être. Sans la santé, rien n’est possible. […] J’affirme que les philosophies nées de la lutte doivent inclure la corporéité de la santé et ses valorisations. Ainsi, le nécrêtre [necro-being] (ce qui fait de la vie une sorte de mort et la douleur inattendue de ceux qui ne sont pas nés, la nécro-tragédie) est pris en compte en tant qu’élément constitutif de la pratique philosophique[9].

Au lieu de prendre pour point de départ les conditions de possibilité de la connaissance ou de la raison, la philosophie née de la lutte prend pour objet les conditions de la survie elle-même, si centrales dans l’expérience noire, sans lesquelles le concept même de connaissance perd toute signification. Si son lieu de naissance est l’Amérique du Nord, elle se construit comme une révolte contre les présupposés de la tradition philosophique américaine, c’est-à-dire le pragmatisme. Au cours d’un entretien, Harris apporte la précision suivante, sous forme d’une expérience de pensée en miniature : « Voici un critère, qui n’est pas le seul, pour une philosophie adéquate : offre-t-elle à l’esclave des ressources pour devenir un insurgé ? »[10]. Depuis la perspective de l’esclave, l’insurrection est la mesure la moins pragmatique que l’on puisse imaginer. En Amérique du Nord, toutes les révoltes d’esclaves se sont soldées par le lynchage des rebelles. La conspiration de Denmark Vesey en 1822 est étouffée dans l’œuf, et la révolte de Nat Turner en 1831 ne dura que quatre jours avant que les insurgés ne soient brutalement réprimés. Cependant, bien qu’impossible, bien que raisonnablement presque dépourvue d’issue, la solution de l’insurrection est, pour la philosophie née de la lutte, la seule soutenable.

Au sein d’un monde négrophobe, la brutalisation et la déshumanisation noires apparaissent comme les effets de toutes les causes, ce qui détraque d’emblée les coordonnées du pragmatisme. Comme l’a souligné Tommy Curry, la négligence de l’hypothèse d’une permanence du racisme au sein de la philosophie américaine est largement due à la méconnaissance de la pensée noire, combinée à des lectures sélectives qui plient les auteurs noirs à des standards eurocentriques qui étouffent l’originalité de leur approche[11]. S’il s’agit d’adopter la perspective de l’insurgé, c’est qu’il est celui qui n’a d’autre intérêt que la rupture avec la situation de dégradation et d’abjection à laquelle il est rivé. La question de la santé, de la durée et de la qualité de vie, à laquelle les philosophies nées de la lutte accordent une grande place, sert de clef pour identifier la nature de cette dégradation propre au racisme. « Le racisme est toujours fonction d’une perte indue en termes de vie ou de santé. […] La probabilité de la mort définit le racisme : qui meurt, qui bénéficie de ces morts, qui voit sa vie indûment écourtée, et où sont les cibles des abrégements de la vie »[12]. Dès lors, la question raciale ne saurait plus être envisagée à partir des questions de culture ou d’identité, mais plutôt à partir des questions de vie ou de mort. Autrement dit, elle ne tient pas seulement à la perception des différences phénotypiques ou culturelles, et à leurs différences de valorisation. Elle devient significative dès lors qu’elle implique en outre une opération de pouvoir qui vise à tirer un profit vital de la destruction ou de l’abrègement de la vie des populations marginalisées.

Nécrêtre et nécropolitique raciste

Le nécrêtre, concept développé par Harris, désigne la condition de mal-être vital de populations dont l’existence n’est valorisée que dans la mesure où elle peut bénéficier à d’autres groupes. La nécropolitique, concept développé par le théoricien camerounais Achille Mbembe, désigne le traitement de groupes dont la vie ou la mort est indifférente au pouvoir. Si l’exploitation capitaliste est un rapport social basé sur la captation de la plus-value produite par le travail des prolétaires, le racisme est un rapport social basé sur l’extraction de quantité et de qualité de vie de populations définies comme inhumaines. Telle est la définition de l’opération propre au racisme proposée par la philosophie née de la lutte. Une tragédie raciste qui a pour théâtre une autre grande colonie de peuplement américaine illustre sinistrement ce processus. Le 24 janvier 2022, Moïse Kabagambe, immigré congolais, est tué par trois hommes à Rio de Janeiro, au Brésil, alors qu’il réclame un salaire pour son travail en tant que kiosquier sur la plage. Ayant été taxé d’indigent par le gouvernement, ses organes ont été prélevés d’office, comme le prévoit la loi brésilienne, et destinés à la transplantation. C’est ainsi que la négrophobie contribue à la santé de la nation et que la mort violente de jeunes hommes noirs fournit à l’État les matières premières du soin, de la fortification et du bien-être des citoyens légitimes. La mort violente de jeunes hommes noirs construit un pipeline qui alimente en organes la société blanche. La mise-à-mort de Moïse Kabagambe et le destin de son corps fonctionnent comme une allégorie de ce que Harris nomme le nécrêtre :

Le racisme est une forme de nécrêtre : il tue et empêche des personnes de naitre. C’est une nécro-tragédie absolue. Ses pires victimes ne connaissent aucune rédemption. Les groupes dominants acquièrent des vies plus longues, des biens et une haute estime d’eux-mêmes au prix de l’extinction ou de l’assujettissement durable des dominés. Le racisme tue au moyen des inventions fatales de la race et en fonction des bénéfices, particulièrement en termes de santé et de richesses, qu’en retirent les communautés auxquelles appartiennent les racistes[13].

Le stress et les problèmes de santé des Noirs d’une part et leur précarité économique de l’autre s’alimentent réciproquement, sans qu’il soit possible de donner la prépondérance à l’un de ces deux facteurs. La question de l’existence ou de l’inexistence des races, de leur caractère réel ou socialement construit, apparait alors comme futile. Seule importe la prise en compte du fait que, en tant que vecteur du nécrêtre, la race est proprement inévitable puisque le racisme définit l’abrègement de la vie d’une frange de la population au bénéfice d’une autre. « Nous sommes, je crois, confrontés à un crime mondial contre l’humanité qui exige l’attention de cette humanité, quelles que soient nos propensions à croire à des entités sociales »[14], écrit ainsi Harris. Les difficultés d’accès aux soins, la surexposition à des environnements toxiques[15], le stress lié aux discriminations, la vétusté des logements issus d’un urbanisme ségrégué et plus généralement l’omniprésence de la violence sociale ne sont que quelques facteurs qui s’entrelacent pour expliquer le nécrêtre. Les populations noires étant plus exposées à la perte prématurée de proches, elles se voient enfermées dans un cercle vicieux qu’expliquent Tommy et Gwenetta Curry :

De l’enfance à l’âge adulte, les Noirs ont à subir la mort de davantage de proches que les Américains blancs. Ces deuils causent un stress et une adversité spécifiques qui créent un désavantage en termes de santé chez les Noirs. […] Les Noirs subissent une détérioration prématurée de leur santé, due à l’impact cumulé d’expériences répétées d’adversité sociale ou économique et de marginalisation politique. L’expérience de la mort et le stress du survivant ont un impact unique sur la qualité de vie des Noirs, quel que soit leur statut socioéconomique[16].

Cette situation n’est pas simplement fortuite. Selon Achille Mbembe, la nécropolitique, dont le racisme est le principal moteur, produit des vies toujours au bord de la mort, abaissant la valeur des existences et sécrétant une « accoutumance à la perte »[17]. De telles opérations sont homogènes aux valeurs de l’institution politique qui les met en place ou les tolère. « La mort des Américains noirs réalise quelque chose pour l’État et la population blanche. Ces morts indiquent une dynamique nécropolitique qui prospère aux États-Unis, nous offrant l’opportunité de mieux comprendre, ne fut-ce que sous forme d’hypothèse, la nature et les conséquences du racisme anti-Noir au niveau de la population »[18]. Comme le propose Tommy Curry, les crimes policiers et l’épidémie de COVID-19, qui touchent de façon disproportionnée les africains-américains, peuvent être envisagés ensemble comme un révélateur de la négrophobie étatsunienne. L’hypothèse sous-jacente à cette perspective nécropolitique est que la surmortalité noire, qu’elle soit liée à des questions de santé publique ou de sécurité, n’est pas le fait d’un hasard regrettable, mais le résultat de politiques qui refusent délibérément de porter remède aux nuisances, à l’incurie et aux privations dont sont victimes les communautés noires. Autrement dit : la nécropolitique négrophobe est un entrelacs d’interventions policières qui prennent la vie des Noirs et de négligences médico-sociales qui leur interdisent la survie.

Conclusion

Dans une conférence de 1956 intitulée « Racisme et Culture », Frantz Fanon écrivait : « Une société est raciste ou ne l’est pas. Il n’existe pas de degrés du racisme. Il ne faut pas dire que tel pays est raciste mais qu’on n’y trouve pas de lynchages ou de camps d’extermination. La vérité est que tout cela et autre chose existe en horizon[19] ». La philosophie née de la lutte qu’incarnait éminemment Fanon et que ravivent Harris et Curry nous invite à oser regarder en face l’opération qui définit en propre le racisme. Elle ne consiste pas simplement dans la catégorisation inégale de différents groupes de population, mais de l’extraction de quantité et de qualité de vie de certains de ces groupes au profit d’autres. Pas un antagonisme : un vampirisme. C’est la construction d’un horizon génocidaire où les actes d’abrègement de la vie des populations subalternes sont constants, mais aussi toujours susceptibles de s’accélérer et de s’intensifier à la moindre crise sanitaire, économique ou politique. Nécrêtre et nécropolitique sont les progénitures d’un pouvoir qui estime qu’une société sans Noirs, ou débarrassée d’autres populations racialement dénigrées, est préférable à une société avec des Noirs.

  • [1] Brahim Rachida, La Race tue deux fois : Une histoire des crimes racistes en France (1970-2000), Paris, Syllepse, 2020.
  • [2] Mazouz Sarah, Race, Paris, Anamosa, 2020, p. 31.
  • [3] Wilderson III Frank B., Red, White & Black: The structure of U.S. antagonisms, Durham, Duke University Press, 2010, p. 35.
  • [4] Gilmore Ruth Wilson, Golden Gulag, Berkeley, University of California Press, 2007, p. 28.
  • [5] Fischbach Franck, Manifeste pour une philosophie sociale, Paris, La Découverte, 2009.
  • [6] Ibid., p. 74.
  • [7] Fischbach Franck, « Présentation », in Marx Karl, Manuscrits économico-philosophiques de 1844, trad. Franck Fischbach, Paris, Vrin, 2007, p. 71.
  • [8] Curry Tommy J. et Harris Leonard, « Philosophy born of struggle: thinking through Black philosophical organizations as viable schools of thought », Radical Philosophy Review, Vol. 18, No. 1, 2015, pp. 1-2.
  • [9] Harris Leonard, A Philosophy of struggle: The Leonard Harris Reader, Londres, Bloomsbury, 2020, p. 15.
  • [10] Botha Catherine F., « Necro-being and the Black body: An interview with Leonard Harris », in Botha Catherine F. (dir.), African Somaesthetics: Cultures, feminisms, politics, Leiden, Brill, 2021, p. 82.
  • [11] Curry Tommy J., « Concerning the underspecialization of race theory in America: How the exclusion of Black sources affects the field », The Pluralist, Vol. 5, No. 1, 2010, pp. 57-58.
  • [12] Harris Leonard, A Philosophy of struggle, op. cit., pp. 84-85.
  • [13] Ibid., p. 69.
  • [14] Ibid., p. 52.
  • [15] Okafor-Yarwood Ifesinachi et Adewumi Ibukun Jacob, « Toxic waste dumping in the Global South as a form of environmental racism: Evidence from the Gulf of Guinea », African Studies, Vol. 79, No. 3, 2020, pp. 285-304.
  • [16] Curry Tommy J. et Curry Gwenetta, « Critical Race Theory and the demography of death and dying », in Farmer Vernon Lee et Farmer Evelyn Shepherd W. (dir.), Critical Race Theory in the academy, Charlotte, Information Age Publishing, 2020, pp. 99-100.
  • [17] Mbembe Achille, Politiques de l’inimitié, Paris, La Découverte, 2016, p. 56.
  • [18] Curry Tommy J., « Conditioned for death: analyzing Black mortalities from COVID-19 and police killings in the United States as a syndemic interaction », Comparative American Studies, Vol. 17, Nos. 3-4, 2020, p. 259.
  • [19] Fanon Frantz, Pour la Révolution Africaine, Paris, La Découverte, 2001, p. 48.