De l’expression au mot d’ordre

Couverture de la publication d'Andréa Cavazzini et de Fabio Bruschi.

Cet article a pour objectif de critiquer le paradigme de l’expression qui constitue l’un des piliers de la militance associative dans le contexte institutionnel belge. Selon ce paradigme, l’action associative doit favoriser l’expression de ses publics pour ensuite relayer leurs besoins, souffrances et doléances vers les pouvoirs publics, afin d’éventuellement faire pression sur ces derniers pour qu’ils y répondent. Nous confrontons ce paradigme à deux autres conceptions du rapport entre la militance et ses destinataires. Celle de l’avant-garde, développée par Lénine, qui vise à produire une rupture dans l’expérience du « public » à la faveur d’une compréhension de l’opposition irréductible de ses intérêts avec l’ordre politique et social existant, et celle de l’infrapolitique, développée par James Scott, qui vise à renforcer la circulation, au sein et entre les groupes subalternes, et non pas vers les pouvoirs publics, des discours de négation de l’ordre existant, qui existent toujours déjà en leur sein. A travers cette mise à distance, nous souhaitons dégager des pistes pour que, au sein de la militance associative, le souci de l’autre ne se mette pas en travers du souci de la vérité.

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