Obsolescence déprogrammée

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Les machines et outils technologiques ont une durée de vie de plus en plus courte et pour cause: ils sont souvent conçu pour ne pas durer. Dans le cadre de sa réflexion sur cette problématique et de la préparation de la Journée de l’obsolescence déprogrammée qu’elle organise en 2015, l’ARC vous propose d’approfondir le sujet en vous livrant divers documents.

Cette page comporte plusieurs documents et vidéos. Elle est susceptible d’être mise à jour au fur et à mesure des activités de l’ARC.

Atelier « déprogrammation de l’obsolescence » du 6 octobre au Cercle Laveu de Liège

Suite à l’atelier de déprogrammation de l’obsolescence qui s’est tenu à Liège le lundi 6 octobre, nous vous proposons une synthèse des différentes pistes dégagées par les participants. Nous les avons regroupées en trois catégories différentes, en fonction des trois tables de travail autour desquelles ont circulé les idées.

En complément, nous vous proposons le diaporama utilisé par Ezio Gandin pour introduire l’atelier.

Résistance citoyenne

Beaucoup de citoyens se regroupent déjà autour de cette problématique. Il est important de donner de la visibilité à leur action et de les aider à pérenniser leurs réseaux, pour qu’ensuite ces initiatives fassent tache d’huile et puisse toucher des publics plus éloignés de leurs canaux de communication. Ces actions s’ancrant la plupart du temps dans une localité, leur promotion peut être organisée par des comités quartiers et de manière plus générale à travers le tissu associatif.

]En première ligne de résistance, et directement importé des Pays Bas, il y a le concept des Repair Cafés. Il s’agit de rencontres conviviales, libres et gratuites, avec des réparateurs bénévoles qui sont là pour vous aider à réparer vos appareils. Le meilleur moyen de lutter contre la mort précoce de nos appareils, c’est de leur redonner la vie ! Attention cependant, tous les Repair Cafés ne détiennent pas les compétences nécessaires à la réparation d’appareils électroniques tels que téléphones, ordinateurs ou tablettes. Il faut donc veiller à se renseigner avant de s’y rendre avec l’instrument défectueux

Les SELs

« SEL » est l’acronyme de service d’échange local (parfois service d’entraide local.) Il s’agit donc d’une communauté de personnes mettant des ressources matérielles ou immatérielles à disposition les unes des autres. Pourquoi acheter un outil onéreux et fragile qui ne s’utilise que quelques fois par an si un de mes voisins en dispose déjà d’un exemplaire ? Pourquoi ne pas échanger quelques heures de mon temps et de mes compétences avec mon voisin qui peut m’apprendre à réparer mon ordinateur ? Il y a certainement un SEL actif près de chez vous. L’ARC Liège a créé le sien en partenariat avec la maison médicale du quartier Laveu. Dans le même ordre d’idées, signalons l’initiative suisse Pumpipumpe, qui facilite le prêt de matériel entre voisins grâce à l’affichage d’autocollants sur la boîte aux lettres.

Les donneries

Cela peut sembler une évidence pour certains, mais le don n’est pourtant pas une pratique très répandue. C’est pourquoi il faut privilégier ce geste simple, qui ne doit pas être nécessairement vu comme un acte de charité, mais plutôt comme la possibilité de redonner une nouvelle vie à un objet qui ne trouve plus son utilité chez nous. Les donneries peuvent s’organiser de deux façons différentes, soit de manière ponctuelle, lors d’un événement particulier, soit de manière permanente, via une liste de diffusion en ligne. L’ensemble des donneries permanentes en Belgique est disponible sur cette page Facebook. [/accordion] [accordion title= »Promouvoir les magasins de pièces de rechange »] Il existe de nombreux magasins de pièces de rechange en Wallonie et à Bruxelles, mais ils ne bénéficient pas d’une visibilité suffisante. Durant l’atelier du Cercle Laveu, trois établissements sont ressortis : Electro-Steg et Bimastock dans la région Liège, Farnell en ligne.

Résistance législative

De nombreux leviers d’action sont entre les mains des élus politiques, censés représentés les préoccupations des citoyennes, tant au niveau national qu’à l’échelle européenne. Quelles sont les pistes législatives suivre pour pouvoir influer positivement sur la situation ? Jouons le jeu et mettons-nous dans la peau de dirigeants : quelles mesures proposerions-nous ?

Attention aux lois difficilement applicables

L’atelier du cercle Laveu s’est tenu trois jours après que la chambre des représentants française ait voté un amendement législatif punissant l’obsolescence programmée (texte adopté le 14 octobre.) Si l’on ne peut que saluer la volonté politique, on est en droit de rester sceptique sur l’application de ce texte de loi. Les mécanismes de l’obsolescence sont complexes et revêtent différentes formes qui agissent de concert. Les cas de sabotage direct et volontaire de produits électroniques ou électroménagers sont relativement rares par rapport à l’ampleur du phénomène et leur caractère intentionnel n’est pas facilement prouvable aux yeux d’un tribunal. L’article du Monde du 16 octobre propose une analyse éclairante sur cette législation.

Extension de garantie minimum légale

Il s’agit de la piste législative la plus crédible. Étendre la garantie minimum obligatoire à quatre ans, par exemple, c’est donner plus de responsabilités aux industries qui produisent des appareils électroniques. Il n’est donc plus question de devoir prouver qu’un défaut de fabrication a été volontairement commis ou non, mais de pousser les entreprises à prendre en compte la durabilité de leurs produits comme critère primordial. Une telle mesure mettrait les coûts occasionnés par la durée de vie limitée d’un appareil à charge de celui qui l’a mis sur le marché. Le centre européen des consommateurs a fait le point sur la situation de la garantie légale dans les différents pays d’Europe.

Rendre l’affichage de la durée de vie moyenne estimée d’un produit électronique obligatoire

Cet écran plat qui affiche un prix deux fois inférieur à son voisin de droite se vend nettement mieux. Serait-ce le cas s’il affichait, en contrepartie, une durée de vie moyenne trois fois plus courte ? Tous les produits électroniques subissent de nombreux tests qui permettent aux ingénieurs d’estimer de façon relativement précise leur durée de vie. Les entreprises « low-cost » n’ont cependant aucun intérêt à afficher celle-ci, puisqu’elle aurait tendance à refréner un acte d’achat impulsif guidé principalement par un prix alléchant. La difficulté, c’est le nombre important de paramètres qui entrent en compte pour la définition de cette durée de vie moyenne, comme nous l’explique cette étude de l’Agence française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie sur la durée de vie des équipements électriques et électroniques. Doit-on calculer en fonction du temps absolu de détention ou de la fréquence d’utilisation ? Parle-t-on de son existence depuis la fabrication jusqu’à la mort, ou jusqu’à ce que les performances de l’appareil commencent à diminuer ? Tous ces aspects doivent être déterminés précisément pour que le consommateur ne soit pas floué. Une telle mesure n’aurait d’efficacité que dans le cadre d’un contrôle d’une autorité publique indépendante, chargée de vérifier la validité de l’évaluation de la durée de vie moyenne d’un produit.

Harmoniser la compatibilité du matériel électronique

L’exemple des chargeurs de téléphones portables nous a montré qu’il était possible pour l’Europe de se mettre d’accord sur la nécessité d’une norme unique de matériel électronique. Pousser les entreprises high-tech à la normalisation de leur matériel serait un geste salvateur. Certaines marques n’hésitent pas à modifier des formats de branchement et de connecteurs à chaque nouveau modèle d’ordinateur ou de tablette, rendant obsolètes leurs anciens appareils et accessoires (câbles, adaptateurs, supports de mémoire…) Cela va même jusqu’au matériel non-informatique, certains produits étant assemblés avec des vis ou des boulons impossibles à actionner avec les outils disponibles dans le commerce. La comptabilité est aussi un problème de logiciels. L’absence de standardisation des programmes embarqués dans nos voitures, nos machines à laver ou nos frigos rend la réparation des problèmes logiciels extrêmement compliquée pour les réparateurs qui ne travaillent pas exclusivement pour une marque. Nous pourrions privilégier l’utilisation des logiciels libres dans le domaine de l’électroménager et de la domotique.

Renforcer les services publics numériques

La notion de « service public informatique » mériterait d’être développée. Il s’agirait de renforcer les espaces publics numériques en Wallonie ainsi qu’à Bruxelles et d’améliorer la visibilité de leurs actions et de leurs réseaux. L’information et les conseils concernant l’acquisition et l’entretien d’équipement électronique devrait être considéré d’intérêt général pour la société et l’environnement.

Encourager la licence d’utilisation plutôt que l’achat

Dans certains cas particuliers, l’utilisateur d’un appareil n’a pas forcément intérêt à être le propriétaire de son bien. Puisqu’il possède un outil, il en devient donc le responsable, même s’il n’a pas la moindre idée de son fonctionnement interne et que le constructeur a conçu celui-ci de telle sorte à ce qu’on ne puisse que très difficilement l’ouvrir. Dans une telle situation, l’utilisateur est mieux protégé s’il loue un service à un constructeur que s’il lui achète son produit. On transfère ainsi la responsabilité de gestion de l’appareil vers le producteur. Ce dernier a donc tout intérêt à augmenter la durée de vie de ces produits pour réduire ses coûts et améliorer l’image de sa société.

Développer les filières de réparation

La dévalorisation des réparateurs est un des effets qui accompagnent nos réflexes compulsifs de consommation de nouveaux appareils. Pour l’intérêt général, il faut donc soutenir la réparation dans tous les domaines où elle peut nous aider à reporter la mort de nos outils. Nous pourrions réclamer de nos représentants la création de formations spécifiques, ce serait une première étape évidente. Ensuite, il faut que les réparateurs puissent vivre de leur activité. Or, pour que celle-ci coûte moins cher qu’un nouvel achat pour le consommateur, il est important de repenser la fiscalité de manière appropriée, en diminuant les charges par exemple. La TVA peut également être revue, en accroissant la différence entre celle d’application sur les nouveaux appareils et sur les pièces de rechange et la réparation.

Informer davantage et de manière transparente sur la filière du recyclage

Le documentaire La tragédie électronique nous apprend que nous avons peu de contrôle sur le circuit de recyclage, pourtant financé par nos contributions directes ou indirectes. Informer les citoyens à propos du fonctionnement et donc des dysfonctionnements du système, c’est un premier pas nécessaire de la part des autorités publiques belges et européennes pour élargir le débat et stimuler la participation citoyenne. Il s’agit sans doute d’une étape indispensable pour que l’on puisse envisager d’agir dans les zones – invisibles dans les médias – où la plus grande partie de nos déchets électroniques finissent effectivement leur vie.

Réguler l’accès au crédit à la consommation

D’après Serge Latouche, le crédit à la consommation est avec l’obsolescence programmée et la publicité un des trois piliers de notre système économique malade basé sur la croissance. Réguler l’accès au crédit à la consommation serait une mesure audacieuse pour déjouer les pièges de l’endettement.

Pousser à la mise en commun des recherches technologiques

Comment faire pour repenser la recherche technologique au service de l’Homme et non plus inféodée aux logiques de rentabilité directe et de profits immédiats au détriment de l’environnement écologique et social ? Dans cette optique, les entreprises qui en ont les moyens dépensent des sommes considérables pour concevoir des innovations mineures présentées comme autant de « révolutions.» Protéger les résultats de leurs recherches sous des brevets consacrant la propriété intellectuelle est une façon de préserver leurs rentes. Il est indéniable que les sociétés technologiques possèdent les plus grands talents en matière de recherche et développement. Peut-on dès lors s’attendre à ce qu’ils travaillent en fonction de l’intérêt général? Comment privilégier une technologie qui ne considère pas l’écologie comme une externalité ; une forme de « slow technology », à l’instar du mouvement « slow food », bon pour les gens et bon pour la planète? Sommes-nous capables d’imaginer l’état s’impliquer dans l’orientation de ces recherches en donnant aux entreprises les moyens de mettre en commun leurs ressources et leurs résultats? Difficile, voire impossible, si nous n’envisageons pas l’innovation comme étant possible en dehors d’une économie de marchés fondamentalement concurrentielle.

Résistance psychologique

L’un des principaux moteurs de notre appétit insatiable de nouveaux gadgets électronique, c’est bien sûr la publicité. L’envahissement des espaces médiatiques et donc de notre imaginaire par les grandes firmes commerciales (Apple, Samsung, Sony, Microsoft,…) devient de plus en plus agressive au fil du temps. Le désir d’achat s’insinue toujours plus insidieusement dans nos esprits grâce au matraquage traditionnel des marques mais également à des ruses de plus en plus subtiles mettant en jeu des stratégies neuropsychologiques. Malgré la puissance de cette machine de guerre publicitaire, nous pouvons lutter et contre attaquer. Nous pouvons informer et sensibiliser sur les impacts sociaux et environnementaux de notre course à la consommation, invisibles autrement. Si nos moyens sont plus modestes, notre détermination n’en est que renforcée ! Comment allons nous planifier notre contre-attaque publicitaire ?

Saboter les affiches publicitaires

Mettons les choses à plat : on ne parle pas ici de placer de la dynamite sur chaque emplacement publicitaire. Il s’agit de se réapproprier ces espaces d’affichage public en greffant un élément supplémentaire sur une réclame essayant de nous vendre un nouveau gadget dont nous n’avons pas besoin. Nous pouvons nous inspirer de ce qui a été fait en 2012 à Hambourg lors d’une campagne H&M.

Détourner les publicités

Saboter une publicité, c’est bien ; mais pourquoi en rester là ? Pourquoi ne pas s’inspirer de leurs codes pour créer nos propres campagnes ? Les Amis de la terre se sont déjà mis au travail, mais il existe des centaines d’exemples.

Évaluer les besoins réels

Comment inviter les consommateurs à se retourner sur leurs pratiques ? Comment aider nos contemporains à se poser la question « ai-je vraiment besoin de ce nouvel appareil, ou est-ce que je réponds à un désir d’achat provoqué par la société ? » sans se poser en moralisateur ? Une approche ludique peut se révéler productive. Par exemple, nous pourrions nous improviser docteurs en psychologie et venir proposer des consultations gratuites à l’entrée des Mediamarkt.

Mener des activités dans les écoles

La publicité l’a bien compris : les ados et les enfants ont une influence de plus en plus importante dans la composition de nos achats. Plus vulnérables à la pression des modes, ils considèrent les gadgets électroniques comme des éléments constitutifs de leur identité et de leurs moyens de l’exprimer. Les tablettes et les smartphones sont devenus des véritables fétiches dans nos cours de récréations. C’est pourquoi il nous faut agir dans les écoles. Pour y mener des actions de sensibilisation, à travers des activités artistiques (musique, théâtre,…) mais également via des réunions d’information avec les parents, premiers remparts contre les injonctions de la société de consommation. ]

Quelques liens utiles

– Les amis de la terre est une association environnementale citoyenne qui a développé une expertise sur différentes questions écologiques, dont celle de l’obsolescence programmée. Leur site dédié au sujet regorge d’informations et de ressources pour construire ensemble une société plus conviviale et respectueuse de la nature.

– Il existe plusieurs sites proposant un tas de ressources pour vous aider à réparer vos objets pour ne pas devoir trop vite les jeter. Cela va de l’imprimante à la machine à laver en passant par l’imprimante :

  • Le site Comment Réparer, qui partage diverses expériences de réparations réussies et vous permet de demander des conseils pour une réparation spécifique.
  • Le site des repair cafés : pour trouver un endroit où réparer près de chez vous.
  • Le site IFIXIT, un guide de réparation gratuit pour tout, écrit par tout le monde.

Actions concrètes :

[su_note note_color= »#eff0f0″]Fin 2018, après évaluation du projet Obsolscence (dé)programmée, nous décidons que nous ne pouvons nous arrêter là. Il est en effet évident que les enjeux environnementaux, sociaux et économiques liés à cette surconsommation analysée à travers l’Obsolescence programmée sont trop important. Qu’il est dès lors opportun de poursuivre la réflexion avec de nouveaux groupes et de tâcher d’étendre le réseau de groupes consommateurs critiques. L’ARC décide de s’associer à Nature et Progrès qui partage le même constat (déjà rencontrée en 2018) et qui a également cette thématique dans ces préoccupations, pour développer (et re définir) ensemble le projet de plusieurs activités sur l’Obsolescence programmée. Ces activités ont eu lieu en trois partie, en Mai 2019.[/su_note]

Quelques vidéos

Les bienfaits de l’obsolescence programmée pour l’économie expliqués en une minute. Une belle démonstration par l’absurbe concoctée sur le ton ironique par l »institut Adam Smith. »