PRIS’EN CONTE

Antenne
arc-bruxelles
Thématique
diversite_des_expressions
Créée en
2018

« Pris’en conte », c’est une rencontre avec des détenus, un moment pour se raconter et inventer des histoires, des contes. Certains sont venus au début et sont partis sur une autre route, d’autres sont arrivés plus tard et ont pris le relais sur ce chemin où nous nous croisons. Un chemin où l’on se dit que tout le monde a bien une histoire à raconter ou un moment pour écouter. L’idée est de passer un bon moment, un mo­ment où l’on peut rêver à autre chose ensemble. Un moment pour réaliser que l’on est tou.te.s capables de raconter et d’imaginer des histoires, que l’on est tou.te.s capable d’être créateur.trices ! Créateur.trice.s d’histoires, de dessins, de sens… et pourquoi pas de sa propre vie ? Le jeu Pris’en conte vise à sensibiliser à la condition des prisons, en plongeant les joueurs dans des narrations et des épreuves de manière à leur faire vivre une expérience sur les plans émotionnels intellectuels. Le jeu a été réalisé en collaboration avec les personnes internées à l’annexe psychiatrique de la prison de Saint-Gilles. Les cartes, directement inspirées par leurs paroles, témoignent de leur vécu, de leur parcours de vie, de leurs conditions d’incarcération et de leurs difficultés de réinsertion. Ce projet, né d’une collaboration entre l’ARC et la FAMD, fut une découverte, celle d’une parole qui s’est peu à peu libérée pour, au final, se déployer au-delà de ce que nous pensions. Il y a eu la création de contes par les détenus et les animatrices, ensuite le jeu que nous avons présenté, dans sa première version, lors des Journées Nationales des Prisons en 2018 et dans sa version finale à la Maison du Livre en février 2020 dans le cadre de l’événement « Les mots font le mur ». Ce jeu a été testé avec différentes associations œuvrant dans le secteur carcéral et le secteur du jeu. Un groupe de travail a été formé avec le GENEPI Belgique en vue de le finaliser. L’INCC Institut National de Criminalistique et de Criminologie a relu le vade-mecum associé aux règles du jeu, permettant aux futurs animateurs, animatrices du jeu, de reçevoir un paysage du fonctionnement du secteur carcéral. Si vous souhaitez plus d’informations et/ou emprunter le jeu pour y jouer avec des groupes que vous animez, n’hésitez pas ! Nous serons heureuses de vous répondre. En automne 2020, nous avons continué à développer ce projet en nous adaptant au contexte sanitaire. Nous avons eu la chance de contribuer au projet « Prison Walk » organisé dans le cadre des JNP- Journées Nationales des prisons, où avec d’autres associations nous avons enregistrés des capsules sonores.

Objectifs

Victimes d’instrumentalisation, de violences policières, pénitentiaire voire juridique, les détenus sont souvent dépossédés de leurs droits culturels. L’absence de possibilités d’expression et l’isolement social dans lequel ils se trouvent affectent leur identité culturelle, leurs capacités d’autonomie, individuelles ou collectives, et leur sens critique. Afin de lutter contre cette atteinte identitaire, les activités « Pris’en conte » ont permis aux participants de :

  • Réinvestir leur identité citoyenne en participant activement à un atelier au cours duquel chacun valorise ses droits culturels, lesquels sont construits notamment à partir des codes culturels propres à la prison.
  • Sortir de l’isolement auquel ils sont habitués par la mise à disposition d’un espace de dialogue interculturel où chacun peut exprimer les réalités auxquelles il est confronté tout en respectant la parole de l’autre.
  • Prendre confiance en leurs capacités d’analyse et d’action en exprimant des revendications « contées » au sein d’un collectif, en justifiant les raisons de leur choix et en osant s’affirmer en tant que citoyens.
  • Prendre du recul sur les conditions de vie en prison ainsi que sur les réalités sociétales extérieures à la prison. Cette distanciation est garantie par l’utilisation de la narration et de la création d’une symbolique collective au groupe.
  • Prendre conscience de la diversité des expressions et développer de nouvelles formes d’expression par l’appropriation des codes langagiers spécifiques au conte. De cette manière, les détenus sont amenés à consolider leur autonomie et à dépasser leurs appréhensions.
  • Reconnaître le message que portent les détenus sur leurs conditions, faire entendre ce message et leur donner la possibilité de prendre part à sa divulgation.